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Road 96, des routes, déroute.

Au départ de Road 96, une idée de voyage séduisante : incarner des adolescent-e-s en fuite pour traverser la frontière ultra sécurisée par un long mur d’un pays en voie de dictature et à la veille d’une élection présidentielle sous tensions. Avec des rencontres sur les routes gérées en mode procédural, on pouvait s’imaginer des tas de choses puis redevenir réaliste (le jeu n’a pas un énorme studio derrière) et malgré tout se dire qu’avec un tel potentiel, il y a tellement à faire jouer, à dire et à raconter.

Las, quelques heures après l’avoir terminé, je ne peux hélas que constater Road 96 est une belle et réelle déception. Pourtant, contrairement à la victoire de la NUPES aux législatives, j’y ai vraiment cru au tout début.

Moments de grâce

Commençons toutefois par le positif : la B.O du jeu DEFONCE. La chanson principale du jeu a ce qu’il faut de mélancolie et de cool attitude pour évoquer avec sincérité l’image d’une fugue adolescente. Surtout la musique fait vraiment parti du voyage car le jeu nous offre une sous quête fil rouge de recherche des K7 des chansons du jeu dans les décors, les véhicules ou les boutiques. Le jeu en vaut la chandelle car si de manière générale la musique est excellemment calée, on rencontrera très souvent des lecteurs K7 qui permettent à la joueuse ou au joueur de choisir la chanson qui correspond à ce qu’il ou elle souhaite ressentir à ce moment là.

Road 96 est un jeu sensoriel et c’est sa plus grande qualité.

C’est d’ailleurs par ses passages les plus agréables, ses symboles les plus sincères, tous ses moments de grâce où Road 96 parvient à faire un peu oublier ses graphismes limités (le jeu est très vide) et ses contrôles un peu savonnettes pour permettre au joueur d’apprécier l’instant et d’être en empathie avec son personnage du moment que le jeu est le plus émouvant et le plus beau.

Par sa capacité à faire ressentir une certaine poésie dans le mélange d’excitation, de fatigue et de stress du voyage, Road 96 a saisi l’importance des petits moments et de la construction d’ambiance. Si il a la sale manie de parfois gâcher ça avec des changements d’ambiance ou de gameplay assez brutaux, il a été porté une attention importante à nous faire comprendre ce qu’une société violente inflige à ses individus et particulièrement à sa jeunesse.

Il a également été travaillé, et ça sent, pour que son rythme soit bon et que la génération procédurale tienne à minima… la route. On ne se retrouve que très rarement dans un sentiment de répétition et l’enchaînement de petites séquences donne au jeu un effet carnet de voyage des plus agréables tout en permettant de lâcher la manette régulièrement.

Mais tout ça est largement gâché par une habitude insupportable qui sera le fil rouge de cette critique : le jeu ne va jamais aller au bout de ses idées, d’aucune.

Absentes tensions

Mettons les pieds dans le plat tout de suite, et croyez moi que ça ne me fait vraiment pas plaiser de le dire tellement j’ai envie qu’un bon jeu politique de plus existe, mais le scénario ne fonctionne vraiment pas. Mais alors pas du tout. Et ne voyez pas là que le political junkie frustré qu’est votre serviteur car le problème n’est pas uniquement dans le propos politique simpliste.

Le principal souci pour Road 96 est que l’écriture reste constamment à la surface des choses et ne réussit jamais son pari de transformer Petria en un pays crédible ou attachant pas plus qu’il ne convainc par le background ou le développement de ses quelques personnages principaux.

Parodie critique ratée mais surtout terriblement fainéante des USA, Road 96 échoue à convaincre car il se refuse de prendre le moindre risque. Nos personnages sont censées risquer leurs vies dans cette fugue vers la liberté mais jamais le jeu ne saisit de la gravité de ses enjeux.

Tout n’est que petit pas d’un côté puis de l’autre comme si il y avait personne pour assumer ce qui a été crée.

  • Mettre en scène une élection sous tension ? Oui mais pas trop.
  • Faire ressentir les dessous d’un pays qui évolue ? Oui mais pas trop.
  • Développer une histoire familiale à tous les adolescents ? Oui mais pas trop.
  • Créer une ambiance avec du semi-fantastique ? Oui mais pas trop.
  • Planquer des petits trucs cachés ? Oui mais pas trop.
  • Avoir un propos sur les violences policières ? Oui mais pas trop.
  • Proposer des mini jeux ? Allez hop mais pas trop.
  • Écrire des personnages avec une backstory émouvante ? Oui mais pas trop.
  • De l’humour ? Un petit peu mais surtout pas trop.

Le paradoxe est qu’il s’agit au final d’un jeu à choix qui n’en fait jamais vraiment lui même. Chaque idée avancée est immédiatement modérée ou tempérée par un élément scénaristique ou de gameplay tiédasse. A ces frustrations s’ajoutent le fait que, pensé à la base pour une souris, le jeu ne fait pas de réel effort pour s’adapter à une manette et que, comme trop souvent pour le genre, les choix effectués par le joueur n’ont pas de réel intérêt.

Facilités et lâchetés.

Conséquences de ces facilités et de ces lâchetés, le jeu souffre alors d’un énorme problème d’incarnation. Alors qu’on est censé assister aux récits d’une succession de jeunes fuyant le pays, Road 96 ne se positionne jamais sur une question d’écriture centrale : quelles sont les raisons profondes, personnelles ou sociales, de leur fugue du pay. Est ce la misère économique ? la répression policière ? la censure médiatique ? On en aura qu’au mieux une vague idée et bien souvent le jeu nous laisse là avec ses méchants très méchants, ses gentils très gentils et ses platitudes.

Comme l’Union Européenne, Road 96 s’est construit son univers sans son peuple ni sa société civile. Et notre périple ne rencontre que véhicules et lieux désertiques fréquentés en boucle par les quelques personnages récurrents mais jamais une seule ville, une seule manif ou une seule prison. Pétria est une nation vide de vies et on a rarement eu une aussi mauvaise définition de faire campagnes.

Ces absences auraient pu être pardonnées si les personnages principaux avaient su être développés mais ce n’est pas le cas. Les incohérences sont légions (la police enlève et frappe des adolescents sans réelles réactions, il ne semble exister qu’une seule chaîne d’État pour toute presse, l’échelle des prix est insensée, la dictature semble évidente mais les élections et des sondages libres existent, …) , les hasards de scénario sont risibles (tout le monde semble se trouver toujours où il faut) et on ne se sent jamais vraiment investis par ces destinées qui se veulent mélanges de l’intime et de l’Histoire car elles se révèlent faussement complexes par la nécessite d’une narration soumise au gameplay rogue-like. Si certains personnages peuvent toutefois attirer l’empathie (Alex) ou sont vraiment bien mis en scène (Jarod), les interactions sont toutefois globalement trop caricaturales ou naïves pour tenir… la route.

L’insupportable est au plus haut notamment avec Sonya, présentatrice de propagande pro-dictateur que le jeu essaye de nous vendre comme une figure complexée et comme une victime alors que c’est totalement incohérent. Même chose pour un duo de braqueurs très malaise tv.

Au final, Road 96 est comme la campagne et le programme d’Hidalgo en 2022. Il manque plusieurs années de travail pour que ce soit à la hauteur des ambitions et des possibilités. C’est une accumulation maladroite et sans consistance globale de demi-idées combinée à un casting de personnage qui va du désastreux au semi-sympathique. La fin oubliable et ses 3 endings qui ne concluent pas grand chose ne surprendra donc personne.

Le fait qu’un des rares jeux vidéo qui se tâtait de vouloir parler (un peu) directement de politique soit loupé m’emmerde profondément mais je vous conseillerais quand même de l’essayer, il est en ce moment dans le Game Pass et vous serez très probablement moins dur que moi. Au pire on en retiendra la musique, qui je le répète DEFONCE, ce qui terminera malgré tout cet article sur de bonnes notes.

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International

19 enfants, 2 professeurs, 0 conséquences.

  • Alexandria Aniyah Rubio avait 10 ans.
  • Alithia Ramirez avait 10 ans.
  • Amerie Jo Garza avait 10 ans.
  • Annabell Guadalupe Rit 10 ans.
  • Eliahna Torres avait 10 ans.
  • Ellie Garcia avait 10 ans.
  • Eva Mirelesit 44 ans.
  • Irma Garcia avait 48 ans.
  • Jacklyn Jaylen Cazares avait 10 ans.
  • Jailah Nicole Silguero avait 11 ans.
  • Jayce Carmelo Luevanos avait 10 ans.
  • Jose Flores avait 10 ans.
  • Layla Salaza avait 1 ans.
  • Maite Yuleana Rodriguez avait 10 ans.
  • Makenna Lee Elrod avait 10 ans.
  • Miranda Mathis avait 11 ans.
  • Nevaeh Bravo avait 10 ans.
  • Rogelio Torres avait 10 ans.
  • Tess Marie Mata avait 10 ans.
  • Uziyah Garcia avait 10 ans.
  • Xavier Lopez avait 10 ans.

19 enfants et 2 professeurs américains assassinés. Dans leur propre pays. Dans leur école. Mais ces 21 tragédies ne suffiront quasiment certainement pas à forcer les « responsables » de l’extrême droite américaine à cesser leurs obstructions systématiques à toute réforme d’ampleur sur la détention d’armes.

Ils sont d’ailleurs déjà prêts et comme à chaque fois, dans une efficacité qui n’a d’égale que son ignominie, la machine médiatique et politique de guerre des défenseurs du port d’arme s’est mise en marche pour noyer les légitimes réactions d’effroi et les colères sous des prières rituelles et d’hypocrites appels à l’unité nationale. Broyant les rachitiques espoirs d’une réforme vitale de la législation, les élus et les électeurs du « Parti Républicain » ainsi que les lobbyistes des armes sont déjà à l’œuvre pour mentir et faire croire que le sang d’enfants qu’ils ont sur les mains n’est que du ketchup 100% made in USA et qu’ils n’ont absolument aucune responsabilité dans ce massacre.

Mais plutôt que de nous demander comment tenter de raisonner avec pareils cerveaux cyniques et malades, rappelons nous plutôt comment les USA en sont arrivés à considérer que le sacrifice inutile de centaines de ses propres enfants était moins important que le droit à porter… pardon à acheter des armes.

Commençons par établir que, en plus de l’amoralisme cynique rémunérateur qu’on retrouve dans toutes les sociétés capitalistes, la responsabilité est avant tout politique.

Les complicités sont nombreuses. Il y a tout d’abord des dizaines d’années de propagande de la droite extrême américaine mise au service des vendeurs d’armes pour leurs profits respectifs. Voulant s’assurer de juteuses rentrées financières et un large ensemble de votes acquis, le « Parti Républicain » a tout fait pour embrasser les guerres culturelles de ces généreux donateurs et flatter l’égo et les ressentiments d’électorats haineux ou malléables.

Ainsi a t’on pu assister ad nauseam à de longues, pathétiques et fainéantes campagnes politiques libertariennes et surtout intéressées qui n’avaient que pour but d’inscrire dans l’inconscient collectif de dizaines de millions d’américains que le port d’arme était un droit aussi sacré que la liberté. Tous les « arguments » ont été matraqués : la défense individuelle, la non confiance envers l’État, les représentations racistes de la criminalité, la valorisation de l’image du cowboy et de l’armée, … tout cela pour aboutir à un mythe monstrueux nourri par la paranoïa, les haines, les ressentiments et les peurs.

Et tant pis pour les milliers de morts d’innocents.

Bien sûr, rien de tout cela n’aurait été possible si les institutions politiques américaines n’étaient pas suffisamment dysfonctionnelles pour permettre à cette minorité d’électeurs d’élire suffisamment de représentants et de sénateurs, voire parfois une majorité par la magie du bidouillage légal électoral, pour bloquer toute réforme législative, y compris mineure, sur cette question. Ce verrou politique et législatif indépassable, sauf à éliminer électoralement le « Parti Républicain » dans suffisamment d’états ce qui est impossible aujourd’hui au vu des règles et des découpages électoraux ultra partisans et de la profonde fracture politique du pays largement entretenue par la droite pour se maintenir au pouvoir, rend toute possibilité de changement quasi impossible avant des dizaines d’années au mieux alors qu’une majorité d’américains y serait favorable. Democracy is so overrated comme on dit.

Alors tout est-il vraiment foutu sur ces questions pour les USA ?

Au risque de vous décevoir, je pense que oui et j’accompagne ma réponse laconique avec ce tweet de mon camarade de podcast Iznogoud qui résume tragiquement bien ce que je pense.

La seule chose que nous pouvons faire désormais de l’autre côté de l’Atlantique est d’observer pour ne pas reproduire les mêmes erreurs qui ont conduit à ce blocage qui provoquera encore et encore dans un cycle abominable toujours plus d’enfants, d’adolescents et d’adultes tués pour rien.

Pour ma part, j’en tirerais les leçons suivantes :

  • Les défenseurs des armes comme les libertariens sont des gens dangereux pour la sécurité collective y compris et surtout celle des plus fragiles. On ne se compromet pas avec eux ou leurs alliés, on les combats et exclue au maximum du champ électoral et politique.
  • Les institutions ne doivent pas permettre à une minorité d’électeurs de disposer d’une majorité. (Ex : le parlement français)
  • Il ne faut jamais autoriser le port d’arme et il faut punir et contrôler sévèrement. Les chiffres le prouvent, aucun pays n’a autant de meurtres de masses que les USA.
  • Il ne faut jamais cesser de combattre les guerres culturelles des ultras réactionnaires et des haines : les réécritures de l’histoire et des valeurs sont un poison à long terme.
  • La violence n’entraînant que la violence, la logique d’escalade (telle que celles voulue en France par des syndicats policiers d’extrême droite comme Alliance) nous amènera fatalement à plus de morts et plus de tragédies.

Nemo

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Elections Mélenchon

Plaidoyer pour le vote Mélenchon

Photo du meeting de L’Union Populaire du 16/01/2022 à Nantes.
Source : Instagram de Jean Luc Mélenchon

Tous, nous commençons tragiquement et de guerre lasse à nous y résoudre mais non le fait que le scénario le plus probable aujourd’hui pour le 2nd tour de l’élection présidentielle soit un affrontement entre la violence sociale extrême de Macron et l’extrême haine générale de Le Pen n’est ni banal ni normal ni, heureusement, inarrêtable.

Dans cet apocalyptique scénario, la victoire de Le Pen au 2nd tour, trop naïvement et hâtivement jugé improbable, gagne chaque jour en épaisseur. Les raisons en sont multiples. Il s’agit tout à la fois du résultat de plusieurs années de désinformation systémique sur sa pseudo dédiabolisation et son imaginaire assagissement, de la stratégie improbable d’une équipe Macron refusant de s’abaisser à faire campagne et préférant se terrer à l’Elysée tout en refusant débats télévisés et meetings.

La gestion minable et caricaturale de la polémique sur les recours aux cabinets de conseil par le gouvernement de ces derniers jours arrangeant elle aussi et une fois de plus le terrain pour la candidate d’extrême droite.

Et, juste entre nous pour les personnes de gauche, vous nous voyez aller en masse faire barrage à Le Pen en glissant un bulletin Macron ? Moi pas.

Rappelons au passage à celles et ceux qui seraient tentés d’opposer que Macron doit gérer la guerre en Ukraine que ce dernier a eu la possibilité de renoncer à la présidence de l’Union Européenne pour la campagne et qu’il lui ait été tout à fait possible de nommer à loisir des représentants chargés d’animer sa campagne.

Si le programme xénophobe, autoritaire, anti-écologique et pro-patronat de Le Pen n’a pas changé (vive la « dédiabolisation »), n’ayez aucun doute que Macron, qui ne sera plus empêché par une pandémie désormais niée à un niveau qui confine au criminel ou la peur légitime provoquée par une guerre en Ukraine qui, sauf énorme mauvaise surprise, s’enlisera dans l’opinion publique, se précipitera pour appliquer son programme de harcèlement des pauvres et enfoncera jusqu’au précipice ce qui reste de service public et d’associations déplaisantes à son idéologie.

Ces deux candidats ont par ailleurs beaucoup en commun.

Ils ne veulent pas agir sur l’organisation de l’économie. Même payé à 1 milliard et sans impôts, McKinsey ne le conseillera jamais.

Ils ne veulent pas s’occuper sérieusement de la problématique du siècle : le climat.

Ils se moquent de la santé publique comme de la vôtre ou de celles de vos enfants ou de vos parents.

Ils nient jusqu’à l’absurde les violences policières et se feront les relais des demandes autoritaires les plus extrêmes d’une partie des syndicats policiers.

Ils sont prêts à donner en pâture les pauvres et les étrangers au racisme social et à la xénophobie latents de ce pays. Ce n’est pas Le Pen qui a ordonné le lacérage des tentes des migrants, c’est Darmanin sous autorité de Macron mais nul doute qu’elle aurait fait la même chose.

Ces haines de la puissance publique comme de l’autre sont et seront de plus savamment entretenues par une complaisance médiatique (CNEWS, Europe 1, C8-TPMP, Le Figaro, Le Point , Valeurs Actuelles, …) et politique (du PS au RN) vivant de ces fruits.

Au fond, seul change la surcouche pour proposer le pire : redéfinitions extrémistes et excluantes de la laïcité et de la République et fausses évidences économique pour les « progressistes » centristes tandis que le reste assume et revendique.

Bref regardez de près ce qui va vous arriver : si l’un ou l’autre gagne, on va cracher du sang et plus vous êtes pauvre ou engagé à gauche ou étranger ou handicapé ou manifestant, plus ce sang a de chance de ne pas être une image.

Alors que faire ?

Déjà être lucide sur la situation.

Que votre niveau de confiance dans les sondages soit grand ou faible, il est aujourd’hui indéniable que la présidentielle est réduite à un match à 3 entre Mélenchon, Macron et Le Pen. Même en tordant les marges d’erreur, il apparaît désormais improbable qu’un autre candidat ou une autre candidate puisse changer cette ordre des choses. Et même si cela devait être le cas, on troquerait Le Pen pour un clone de droite plus facho ou une copie de droite plus bourgeoise.

D’où ma question : avons-nous encore le luxe du choix ?

A gauche, la situation électorale est réellement alarmante. Aucun autre candidat (Arthaud, Poutou, Roussel ou Jadot) ne semble pouvoir sérieusement dépasser les 6% et Mélenchon est encore bien distancié ne sécurisant pour le moment qu’une 3ème place inutile.

Il s’agit donc ici non pas de sauver le meilleur programme ou la meilleure candidature mais de soutenir le seul candidat en lice qui ait une chance de pouvoir promouvoir des réformes sociales et institutionnels majeures dont ce pays a cruellement et vitalement besoin.

Oui, on s’engueulera sur l’écologie.

Oui, on s’engueulera sur le service civique.

Oui, on s’engueulera sur le SMIC, les 32h et la semaine de 4 jours.

Oui, on s’engueulera sur l’Union Européenne, l’OTAN ou le rapport à l’Amérique du Sud.

Oui, on s’engueulera sur pleins et énormément de sujets.

Mais au moins, on s’engueulera sur des thématiques et des solutions qui seront les nôtres et pas sur la boue immonde qui sert aujourd’hui de thèmes récurrents au débat public.

A partir de là, je sais ce que certaines ou certains peuvent se dire : c’est bien beau tout ça mais au final tout cela revient au « vote utile ». Après avoir craché pendant des années sur la Une de Libé « Faites ce que vous voulez mais votez Macron », tu nous fais la même en changeant juste le nom.

Oui, vous avez raison. Bien que ça me tue de l’intérieur, on parle bel et bien de vote utile. Ne nous cachons pas derrière des termes prétextes comme le « vote efficace ». En rhétorique comme en politique, on appelle ça du foutage de gueule.

Toutefois avant de me crucifier, laissez moi préciser que, contrairement à Hollande face à Sarkozy en 2012 ou Macron face à Le Pen en 2017, il s’agit ici d’un vote qui sera suivi d’un autre et dont l’objectif est d’éviter un duel dont je vous ai raconté l’horreur en tout début de texte. Un vote utile qui n’est pas une fin mais le début.

Je répète donc ma question : Avons-nous encore le luxe du choix de faire autre chose ? Voulons nous vraiment refaire avec Jadot ce qui n’a pas marché avec Hamon ? Voulons nous vraiment voter Poutou pour le symbole et s’en contenter face à la situation ? Voulons nous vraiment bouder l’isoloir au prix que cela nous coûtera ?

Oui, je sais que cette élection pue. Que ce soit la non campagne de Macron, le traitement médiatique ultra déséquilibré mené par des patrons hypocrites de chaînes et de journaux ou le mode de scrutin pourri, tout cela relève d’un triple coup de force contre la gauche et vous avez toutes les raisons d’être en colère. Je le suis également.

Mais à moins de croire que la rue soit la seule solution (ce qui est possible et respectable) et donc de voter Poutou en se moquant du second tour, il n’y a que le bulletin de vote Mélenchon qui ait une chance de pouvoir changer cela.

Oui, je sais que LFI vous a déjà fait le coup de ce chantage et que ça n’a pas marché en 2017 mais la politique n’est jamais une expérience identique d’une élection à l’autre.

Oui, je sais que Jadot peut sembler tentant face à l’immense éco-anxiété qui nous traverse mais que faire d’une 6ème place même honorable ?

Oui, je sais que Mélenchon et ses compagnons de route ou son programme peuvent parfois vous donner envie de frapper contre le mur et franchement je serais ravi d’avoir ces conversations et ces engueulades avec vous sur plein de sujets de fond (nucléaire, instituions, …) comme sur la forme mais pour faire cela, encore faut-il vivre dans une France qui nous permette encore de le faire sereinement et que nous ne soyons pas occupés à plein temps à essayer de sauver des morceaux de l’essentiel.

Oui , j’ai bien conscience que le vote Mélenchon n’est pas une solution miracle et qu’elle est pour beaucoup un consensus douloureux voire quasi-impossible. J’ai conscience que pour celles et ceux-là, il s’agirait d’une corvée faite sans joie ni allégresse ni beaucoup d’espoir et qu’il y a toujours une excellente et honnête raison de ne pas apprécier la personne ou le programme même quand on est de gauche.

Ne croyez pas que vous écrire tout cela m’enchante, je n’ai pas aimé les heures que je viens de passer à écrire et réécrire et ré-réécrire la moindre ligne de ce texte et j’espère ne jamais avoir à le refaire.

Sachez toutefois que je suis sincèrement et profondément convaincu, au-delà de ma seule préférence partisane, que la vote Mélenchon est aujourd’hui la seule chance, le seul rempart fragile dont on dispose encore pour que le 2nd tour ne se résume pas à savoir si on préfère le Coca ou le Pepsi du mépris social et climatique et de la xénophobie.

Ayant horreur des injonctions électorales, j’ai longtemps hésité à publier ce texte. Toutefois, l’obligation s’impose à la raison et pour le dire en peu de mots : il y a alerte les ami-e-s. Et je n’oserais probablement pas me regarder en face dans le miroir si je n’avais pas essayé, même à mon minuscule niveau d’influence, de vous convaincre de l’importance d’aller voter et de faire voter le 10 avril pour le seul candidat de gauche capable de franchir le 1er tour.

Je conclurais ce plaidoyer par les seules injonctions que je puisse honnêtement vous faire et ce quel que soit votre vote au final :

Réfléchissez !

Quoi qu’il arrive, ne vous habituez pas ! À rien, ni à personne.

Prenez soin de vous et des autres !

Nemo.

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Elections

Pourquoi je m’abstiendrais à la Primaire « Populaire ».

Quand on croit très fortement, et c’est mon cas, que les élections sont importantes, il est difficile de défendre le recours à l’abstention. Cela peut arriver car j’estime que l’abstention est parfois une solution surtout en cas d’élection sans réel choix. (Typiquement le 2nd tour des législatives de ma circonscription où c’était LREM contre UDI)

En revanche, devoir y recourir pour une initiative politique originale est un crève-cœur mais la primaire « populaire » ne mérite à mon sens pas mieux que cela.

Vices de forme.

Commençons par les méthodes. Cela a été prouvé par une vidéo qui a largement fait le tour des réseaux politiques et des médias et assumé par les organisatrices et les organisateurs avec une certaine honnêteté : la Primaire « Populaire » a décidé de soutenir un système de blocage des parrainages et de pourrissement de l’image des candidats afin de rendre plus compliqué à la fois la participation au 1er tour mais également les prêts bancaires nécessaires à une campagne électorale.

Pour moi, ceci est inacceptable et est avant tout le symbole d’une organisation qui ne fonctionne qu’avec une pensée magique joyeusement dénuée de toute morale et une absence de sens politique des conséquences de ses actes et de ses paroles qu’on retrouve également chez les macronistes. Pour paraphraser David Guiraud (Porte-parole Jeunesse de LFI) sur le plateau d’Arrêt Sur Images, « même les fachos ne nous font pas ça. ». Alors quand en plus l’initiative vient d’un groupe censée être du même bord, rien que cela devrait enlever à la primaire « populaire » toute crédibilité.

Il est évident que le système des parrainages des candidats par les élus est un très mauvais système. Tous les 5 ans, on change les artistes et  le numéro de cirque revient mais la question posée n’est pas là . Utiliser les parrainages comme des moyens de pressions assumés et exclusivement contre des candidats de la gauche et du centre-gauche quand on prétend incarner l’union de ce « camp » démontre également le bien peu de considération qu’ont ces gens pour la politique et les campagnes politiques. Car une campagne politique, ce n’est pas simplement une candidate ou un candidat sur des plateaux TV, dans des meetings ou en débat. C’est une myriade de petites mains qui travaillent et qui voient ainsi leurs tâches devenir plus difficiles par une bande d’inconscients qui ne trouvent rien de mieux à faire que d’empêcher les autres de porter leurs idées.

Quand à l’idée de pourrir l’image des candidats dans l’espoir de les contraindre à se soumettre à leur vote, cela relève non seulement à jouer aux pompiers pyromanes (la gauche est à la ramasse ? Enfonçons là encore plus !) mais c’est aussi se prendre pour des faiseuses et des faiseurs de rois alors qu’aucune autorité politiquement légitime ne le justifie. 450 000 votants, c’est bien mais pour mémoire Benoît Hamon avait été investi dans une primaire de plus de 2 millions de personnes. Avant de donner des leçons d’égo à toutes les campagnes, ces gens feraient mieux de se regarder dans le miroir et d’agrandir avant la porte de la salle de bain.

Sur la forme, on pourrait aussi retenir un processus de sélection des candidats qui confine au baroque et à l’absurde où des personnes, qui ont dit, redit, re-re-re dit sur d’innombrables plateaux TV et conférences de presse qu’ils ne voulaient pas en être, se retrouvent contre leur consentement candidats à un exercice sur lequel ils n’ont pas le moindre droit de regard.

La blague continue puisque la sélection finale des candidats retient 2 candidates inconnues (Anna Agueb-Porterie et Charlotte Marchandise) et 1 candidat relativement inconnu (Pierre Larrouturou) et donc plus qu’incertains d’obtenir les 500 parrainages. Parrainages… que cette même organisation a contribué à bloquer. On notera également l’exclusion de Fabien Roussel (PCF) du scrutin pour cause de sur-présence masculine et de toute candidature d’extrême gauche (Poutou, Arthaud, Kazib) ce qui en dit pas mal sur ce que l’équipe derrière ça considère comme acceptable. Concernant Roussel, sur le même plateau d’Arrêt sur Images évoqué précédemment, la représentante de la Primaire « Populaire » l’incite toutefois quand même à rejoindre le mouvement. Madame est trop bonne.

Et tant qu’à être taquin, on pourra noter tout le génie qu’il y a à recourir au jugement majoritaire la désignation d’une candidate ou d’un candidat qui devrait se retrouver ensuite face à une élection ….au mode de scrutin différent.

Pour terminer, on notera également qu’il faut pour pouvoir participer au vote un mail, un téléphone portable et une carte bancaire. Peu surprenant car la plateforme utilisée est la même que celle qui avait été utilisés par EELV et LR pour leurs primaires mais là c’est « Populaire » qu’on vous dit.

Bref, tout ça n’a aucun sens politiquement et a probablement été pensé par une équipe à qui on a pas dû dire « non » souvent et qui confond la réalité avec ses rêves.  Notez que je n’ai rien contre les utopies mais quand on prétend être la seule alternative à la défaite, on évite de sciemment flinguer toute possibilité de victoire avec de pareils non-sens.

On touche le fond.

Mais même en éliminant tous ces problèmes et en supposant que tout ça fait magiquement sens, le fond ne tient pas non plus. Déjà constatons que le « socle commun »  est probablement la partie la plus travaillée de l’initiative même si le tout reste très vague (c’est compréhensible) et s’avère à la lecture bien plus Avenir en Commun compatible que Taubira ou Hidalgo compatible. Mais au-delà du programme, la vraie question qui importera sera : y aura-t-il une gagnante ou un gagnant pour porter ce programme ou même tenir compte de ce vote?

A supposer que celui ou celle qui sera sorti-e en tête du scrutin soit de mauvaise composition, il ou elle dira juste « Non, je m’en fous. Je continue. »

A supposer que celui ou celle qui sera sorti-e en tête du scrutin soit plus taquin-e que de mauvaise composition, il ou elle dira juste « Le socle commun est déjà dans mon programme, rejoignez moi mais je n’en changerais pas une ligne ».

A supposer que celui ou celle qui sera sorti-e en tête du scrutin soit de bonne composition… bref que ce soit Taubira ou un-e inconnu-e, il ou elle dira juste « Ok, c’est parti. Let’s go !!!! » et les autres diront juste « Non. Je ne reconnais pas ce résultat d’une primaire que je n’ai pas souhaité

Car dans la vraie vie et pas dans celle de la pensée magique, inscrire des gens de force à un scrutin c’est renoncer à ce qui est censé faire la force d’une primaire : l’engagement. Quand Sandrine Rousseau a perdu la primaire EELV, elle aurait pu se dire « Tant pis, à 2 points, Jadot est pas légitime, j’y vais quand même. ». Mais elle était engagée par sa participation à un scrutin pour lequel elle avait donné son consentement et on peut supposer qu’une partie de son électorat se sent également lié par cela.

(On pourrait m’opposer que des personnes comme Manuel Vallche et François Homard de Rugy se sont déjà assis sur pareils engagements en 2017 mais qui écoute encore ces gens en 2022 ? )

Là, la Primaire « Populaire », même avec 450 000 votants, n’a pas cet engagement que ce soit des candidats ou de leurs supporters et n’aura donc aucune arme pour forcer une union. C’est le problème avec les raisonnements bâtis sur du sable, ils s’effondrent très rapidement.

En politique, on additionne les voix mais on ne somme pas les électeurs. Les mouvements politiques et des idées sont bien plus puissants que les agitations de vendeurs d’espoirs bientôt à court de tour de passe-passe. De l’école primaire, on garde tous des rêves puis on essaye de les réaliser mais pour de vrai cette fois-ci.

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International Traduction

[TRADUCTION] Aukus Potus ou pourquoi Biden a sacrifié la France.

Le titre est de moi mais cet article est une traduction de cet article d’Electoral-vote.com : https://www.electoral-vote.com/evp2021/Senate/Maps/Sep20.html#item-7

Biden s’intéresse au Quad et non à la Squad *

L’un des rares domaines dans lequel un président américain peut agir de manière franche sans avoir à s’occuper du Congrès est la politique étrangère. Et l’une des forces de Joe Biden, ayant été 3 fois président et 36 ans membre de la commission des affaires étrangères du Sénat, réside dans sa connaissance des dossiers internationaux et non de la politique nationale. Ayant été 8 ans vice président d’un Barack Obama peu connaisseur ou même intéressé par la scène internationale, Joe Biden connaît aussi personnellement de nombreux leaders mondiaux. Ces derniers jours, les intentions de sa présidence sont claires : utiliser sa marge de manœuvre très étendue. Non seulement cela a pour effet de mettre sous le tapis le fiasco afghan mais cela contribue à définir un nouveau chemin pour les USA sur la scène mondiale.

La vente de sous-marins américains à l’Australie la semaine dernière a un impact bien plus énorme que ce que les premiers papiers pouvaient suggérer. Oui, la France est plus que vexée d’avoir perdu un contrat de 66 milliards de dollars et les emplois que cela aurait créés. Mais plus que cela, la France se voit toujours comme une puissance militaire mondiale (notamment maritime). La décision de Biden a dégonflé cette image de manière particulièrement rapide. La France possède bien quelques îles dans l’océan Pacifique mais cela n’en fait pas une puissance maritime mondiale pour autant.

Même si il y a eu des moments compliqués, la France et les USA ont une longue histoire en tant qu’alliés. D’un côté, sans l’aide de la France durant la guerre d’indépendance les pièces de monnaies auraient probablement été à l’effigie de la Reine et non de George Washington. De l’autre côté, pendant la Seconde Guerre Mondiale si les ricains n’avaient pas été là les Français vivraient en Germanie.** On peut donc estimer que la dette historique de l’indépendance a été remboursée en 1945 (et en 1918).

Le choix de faire un deal sournois avec les australiens (et de ne rien dire à la France jusqu’à la dernière minute) était clairement une décision de Biden. Ni le Ministre des affaires étrangères Antony Blinker, ni le ministre de la Défense Lloyd Austin, ni personne d’autre ne dispose de ce niveau de décision. Emmanuel Macron le sait ce qui explique en partie sa très forte réaction. En plus d’engendrer des non-créations d’emploi et d’abîmer l’image que la France a d’elle même en tant que nation internationale, Macron se sent trahi par Biden qu’il connaît pourtant bien. Biden comprend sûrement la douleur française mais, au bout du compte, il a fait ce qui était dans l’intérêt américain sans se laisser guider par son ressenti personnel. Cette méthode en elle même est un peu différence de la façon dont ses prédécesseurs fonctionnaient.

Ce que cet accord indique est que Biden voit en la Chine le plus grand pays rival des USA, et non la Russie, et que la prochaine bataille entre démocraties et régimes autoritaires se fera dans le Pacifique et non dans l’Atlantique. Autrement dit, même si il ne veut pas abandonner l’Europe, Biden estime que les plus grands enjeux sont dans le Pacifique et en Asie. C’est pour cette raison qu’il veut avertir la Chine qu’elle ne fera pas ce qu’elle veut dans cette région. Les sous-marins français que l’Australie allait acheter fonctionnaient au diesel, ils ont une zone de déplacement limitée (il faut recharger en carburant régulièrement) et font beaucoup de bruits ce qui en fait des cibles facilement repérables et coulables pour l’armée chinoise. Les sous-marins américains sont des sous-marins nucléaires dernier cri. Ils sont silencieux et peuvent s’approcher des côtes chinoises sans se faire repérer. On ne sait en revanche pas si ils sont capables de tirer des missiles nucléaires car c’est une information secret défense et les américains ne dévoilent jamais où sont leurs missiles nucléaires. Mais même si ils ne sont pas armés de façon nucléaire, les sous-marins transporteront au moins des missiles offensifs. Cela signifie qu’en cas de conflit, la Chine devra affronter 2 nations disposants de l’arme nucléaire, chacune de ces dernières pouvant la détruire. Mais même si Biden décide de ne pas fournir de missiles nucléaires à l’Australie, le simple fait que la marine australienne soit capable de repérer et de couler des sous-marins chinois et leurs bateaux de guerre est un changement majeur dans l’équilibre des pouvoirs de la zone Pacifique. Le général qui devra expliquer cela au président chinois Xi Jinping doit s’inquiéter de cette ancienne tradition chinois qui voulait que l’empereur faisait exécuter les messagers qui transportait des messages qui lui déplaisait.

Pour en revenir à l’information qui fait la Une, même si Biden est un grand supporte de l’OTAN, il va probablement désormais passer plus de temps avec le « Quad » (USA, Australie, Japon et Inde) : 4 pays puissants qui vont travailler de concert pour contrôler la Chine de la même façon que l’OTAN a été créé pour contrôler l’URSS. Négocier avec des élus nationaux de gauche (la Squad*) est vraiment du pipi de chat quand on compare cela avec la gestion de l’ascension de la Chine.

L’accord s’est également fait avec les anglais d’où l’acronyme « AUKUS ».*** Cela montre que, même dans une Europe post-Brexit, travailler avec les anglais dans des domaines militaires, d’espionnage et technologiques vitaux est plus important pour Biden que d’apaiser ses relations avec la France. Cela montre également que l’Australie préfère servir d’usine de l’Amérique en devenant son partenaire stratégique que d’être celui de la France. C’est aussi la première fois que les USA partagent leur technologie nucléaire avec un autre pays que l’Angleterre. Cet accord renforcera la position de Boris Johnson et de Scott Morrison, le premier ministre australien, et affaiblira Macron. C’est ainsi.

En ce qui concerne la scène politique américaine, si l’on considère que les affaires internationales comptent ne serait ce qu’un peu, cet accord et les futurs réunions avec les leaders des autres pays du Quad rendra très complexe pour les Républicains de dépeindre Biden en président faible contre la Chine. En cas de tentative, sa réponse serait alors : « J’ai vendu à notre allié australien une partie des armes les plus destructrices du monde afin d’envoyer un message clair aux chinois : vous n’êtes pas les seuls avec du pouvoir dans le Pacifique Ouest ! ». En plus, cet accord va créer des milliers d’emplois qualifiés pour les entreprises qui seront sélectionnées pour construire les sous-marins. En comparaison de cette grande victoire, la débâcle afghane ne pèsera plus grand chose. On n’a pas 44 ans de carrière en politique sans avoir appris les règles du jeu.

* Le titre fait référence à la « Squad » qui est le nom qui a été donnée en 2018 à un groupe de représentantes de couleurs issues de la branche la plus progressiste / de gauche du Parti Démocrate et popularisée par des attaques de l’ex-président Trump à l’époque. Plus d’infos sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Squad

** Désolé…

*** AUstralia, UK, US

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Elections Mélenchon

Le pari (très) dangereux de Mélenchon

La décision de Jean Luc Mélenchon d’aller sur le ring médiatique contre un polémiste multi-condamné d’extrême droite soulève une question qui hante la gauche depuis longtemps : faut-il aller débattre contre le camp fasciste ?

Je sais que pour beaucoup la réponse sera aisée : « Non » car il est logique de penser qu’il n’y a aucun intérêt à essayer de déstabiliser un adversaire qui ne respectera aucune règle. On se souviendra d’ailleurs de l’enfer qu’a été le débat Biden / Trump en 2020.

Infernale, légitime et éternelle question

Alors pourquoi Mélenchon s’est -il embarqué dans cette galère à relancer la question infernale, légitime et éternelle sur la confrontation directe avec l’extrême droite ? On y reviendra mais avant cela, détaillons un peu le problème.

La question est infernale car toutes les réponses qu’on pourra y apporter ont leur contre-réponse toute faite. Y aller, c’est cautionner. Ne pas y aller, c’est laisser agir. Mais la question est tellement ancienne que ces mêmes contre-réponses ont leurs contre-réponses : Y aller, c’est déployer une opposition de combat et les ranger ainsi dans les ennemis et non les adversaires. Ne pas y aller, c’est montrer leur solitude par le fait et les exclure ainsi du champ de l’acceptable.

Et pour finir de plonger dans l’enfer, vous êtes à la fois confronté à une question à laquelle vous ne pouvez pas ne pas répondre (ne pas répondre = ne pas y aller) et qui peu importe la réponse apportée peut contribuer à agrandir la fenêtre d’Overton de l’ennemi et divisera votre camp.

La question est légitime car le sujet est primordial. On ne se pose pas cette question lorsque les fachos sont quantité négligeable mais bel et bien lorsqu’ils possèdent la force d’influencer voire de remporter le débat public. A partir de là, la stratégie à adopter est d’une importance centrale et doit être débattue. Mais dans le même temps, ce débat ne peut durer éternellement car on en arriverait alors à une non réponse par défaut.

Enfin la question est éternelle parce que, et c’est bien triste, l’on a pas encore trouver une solution pour faire disparaître le fascisme de cette planète.

A partir de là, comment expliquer la décision de Mélenchon de rentrer dans ce sac de nœuds ?

Prêt à tout.

Pour commencer, difficile de ne pas voir à quel point cette décision résulte d’un climat médiatique actuel détestable avec une presse naïve et incapable de voir le danger Zemmour ou qui a cyniquement et/ou par adhésion idéologique décidé d’en profiter et de lui donner des ailes. La nullité médiatique ambiante ne suffit toutefois pas à expliquer ce qui revient à une certaine défaite voire une reddition du camp Mélenchon, candidat qui se voit contraint de demander un « débat » à un non-candidat du camp ennemi. L’annonce du « débat » a lieu qui plus est après une campagne médiatique de LFI sur des thématiques sociales comme le blocage des prix ou la malbouffe qui ne semblent donc pas prendre suffisamment.

Bien entendu, ne soyons pas naïfs à notre tour, il est aussi possible d’y voir l’optimisme cynique d’une campagne qui souhaite utiliser ce « débat » comme un moyen de faire parler d’elle, de produire des clips pour les réseaux sociaux, de faire peur pour rassembler derrière elle, d’éloigner la fumeuse phrase « les extrêmes se rejoignent » ou tout simplement de gratter du temps médiatique à la primaire écolo et quelques voix hésitantes ou égarées. Mais même si les raisons primordiales se trouvent là , n’est ce pas là aussi une certaine forme de défaite éthique ?

Certes, les plus généreux pourront dire que Mélenchon ne fait que s’adresser à une figure connue de son électora et qu’en faisant cela il ne fait que jouer avec les règles de l’élection à laquelle il se présente et qu’il a, lui, réellement envie de gagner. Cela s’entend mais cela prouve surtout une nouvelle fois la nécessité d’en finir avec cette élection aux règles toxiques et dont ironiquement la primaire écolo nous a apporté une illustration supplémentaire avec ses candidats éliminés pour quelques milliers de voix.

Reste que si Mélenchon est prêt à tout pour gagner, son camp et surtout ses électeurs sont-ils prêts à accepter ce pari ? Rien n’est moins sûr. Même si j’ai le sentiment qu’il dispose d’un certain seuil de tolérance acquis par les années et de part sa position temporaire de leader dans les sondages, LFI joue là avec le feu et prend le risque d’apparaître désespéré et/ou désespérant.

Au final, Mélenchon a surtout beaucoup à perdre et bien peu à gagner. Il aura besoin d’un miracle pour sortir de l’exercice par le haut et de tout son talent pour éviter toutes les embûches. Pire, Mélenchon va se retrouver face à un ennemi qui n’a aucun intérêt ou habitude de jouer selon les règles et qui ne sera pas lui contraint par un statut de candidat. Enfin, en cas de mauvaise performance ou de la moindre connivence, c’est les idées fascistes qui seront propulsées et son statut même de candidat qui sera en question.

C’est peu dire que le pari est dangereux.

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COVID-19 Elections

Virus en villes, Macron en campagnes.

Les infos de 8h - Allocution de Macron : quelles mesures ...

Macron 2022. Je dois vous avouer que j’ai longtemps cru qu’il n’irait pas. Par volonté de ne pas risquer la défaite (comme Hollande) ou simplement pour faire comme ses prédécesseurs : vivre de la vente de conférences et de livres et avoir le bonheur de donner son avis tranquillement dans tous ses relais médiatiques sans jamais avoir à en assumer les conséquences. Mais non Macron, probablement guidé dans son égo par la pensée d’avoir été un président empêché, remet le couvert.

Il le fait via une longue allocution de 30 minutes car le « monarque » ne goûte visiblement guère la présence de journalistes, pourtant pas bien retors en France, auprès de son auguste personne. Le décor est planté, podium aux couleurs du drapeau national et Tour Eiffel en fond, à mi chemin entre un fantasme de mâle alpha sur la puissance d’un chef de guerre et la copie d’un CM2 à qui on demanderait « quels sont les symboles de la France ? ». Le discours, écrit puis réécrit sous la pression du virus, était essentiellement à destination de l’électorat de droite, dont il a cruellement besoin, et tentait de le faire lui aussi rêver à base de dégradation des revenus des chômeurs (la « réforme » de l’assurance chômage qui revient au Conseil d’État en octobre) et des retraites des prolétaires.

On s’en voudrait toutefois d’omettre, même si ce n’est probablement qu’un détail, qu’il a quand même annoncé dans un premier temps un renforcement drastique de l’utilisation du passe sanitaire en contradiction totale des promesses faites quelques semaines plus tôt. Si l’on ne commençait pas à en avoir de façon déprimante l’habitude avec ce gouvernement et ses députés, le revirement aurait de quoi surprendre et choquer.

Le problème de la pensée magique macronienne, c’est que le virus s’en fout complètement. Dotée d’une nouvelle version radicalisée à l’étranger, celui-ci redémarre avec brutalité dans une France qui a, une fois de plus, été ré-ouverte trop vite, trop tôt et sans se doter de réelles procédures de contrôles de l’aération ou du traçage des passages en lieux clos. Pensé comme avant tout économique, ce nouveau dé-confinement s’annonce donc comme un deuxième échec pour un Président confiné lui par son hubris et par la trahison de sa promesse originelle de renouvellement de la vie politique réduisant le rôle des ministres à de simples exécutants de ses désirs du moment et de ses élus à de simples presseurs de boutons « POUR » .

Si vous estimez que je m’acharne beaucoup sur une seule personne, rappelez vous que Macron, puisqu’il l’a voulu ainsi, décide seul. C’est assumé, revendiqué même et il n’apparaît donc pas injuste que , par conséquence, Macron devra être jugé ainsi pour la totalité de ses décisions

Je ne vous fais pas la liste des mesures sanitaires annoncées. Nous subissons déjà bien assez de débats là dessus mais surtout comme le diable se cache toujours dans les détails, il faudra attendre la fin de la discussion parlementaire pour connaître avec exactitude le périmètre. Même si, avec les exemptions déjà annoncées et accablantes pour les flics et les restaurants d’entreprise, on comprend très vite que la ligne sanitaire sera priée de laisser la place à l’économie et à l’autorité si ces dernières la juge trop bruyante.

Face à la multiplication des cas, Macron choisit donc la division en se moquant des conséquences. Il adore cela car, en bon communicant, il comprend très bien que celui qui pose une question simpliste peut facilement obtenir une majorité. C’est une pure stratégie de 2nd tour à laquelle nous insistons là et qui essaye d’instiller dans l’esprit public une opposition-poison : vaccinés contre non vaccinés. Certes, sanitairement la différence est fondamentale mais en en faisant le centre de son raisonnement politique et de part sa place centrale, Macron cultive une ambiance délétère et accélère les tensions au sein même des groupes sociaux les plus restreints (familles, cercles d’amis, clubs, collègues, …) où l’on se retrouve à poser nous même la fameuse question « T’es vacciné ? » à pleins de personnes proches. Au risque de passer pour un réac mais la police de proximité, c’était quand même mieux avant.

Au delà de ces sphères privées, la personnalisation et l’amplification de la tension conduit fatalement à une radicalisation. Le vaccin, déjà sujet inflammable, quitte de plus en plus le terrain scientifique pour devenir un enjeu social et politique. Se faire vacciner, c’est avoir confiance et c’est donc logiquement qu’on retrouve dans les manifestations actuelles tout ce qui se trouve de groupes de personnes réellement ou se sentant en rupture/abandonnés par l’État. Mentir sur les masques par exemple a aussi un coût à moyen et long terme.

Certes, il existe de vrais mouvements de gourous sacs à merde qui tentent de vendre leur came idéologique d’extrême droite, leur égo, leur secte et/ou leurs produits en se dorant des habits de faux rebelles surfant sur cette vague mais je pense qu’on doit garder en tête que beaucoup de réfractaires ou de personnes en doute sont avant tout des victimes manipulées ou perdues. Il serait fou de penser que la contestation n’est que la réunion de mouvements fachos et complotistes.

La défiance existe dans tous les camps et l’opposition devient un exercice d’équilibriste. Pourtant peu adepte de la subtilité dans le discours, le danger de dérive devait être suffisamment prégnant dans son mouvement pour que à gauche Mélenchon ait eu le bon réflexe de diffuser par Internet une intervention solennelle et réussie d’une demi-heure pour « fixer » la ligne de LFI. On attend encore que EELV, le PCF, le PS ou LR se réveillent car la question devient centrale au fur et à mesure que les jours passent : Comment s’opposer sans déborder ou se faire déborder ?

Là aussi la discussion parlementaire forcera tout le monde à sortir du bois. Peut être même que Le Pen se souviendra qu’elle est députée et viendra exceptionnellement siéger voire prendre la parole. L’espace politique est toutefois mince pour les oppositions et l’exécution complexe.

Il faudrait en un discours réussir à marquer l’opinion tout en faisant en sort de :

  • Critiquer l’extension du passe sanitaire qui est un recul réel et dangereux des libertés
  • Ne pas nier pour autant sa déplorable nécessite au vu de la gravité de la situation
  • Rappeler qu’on peut douter de sa réelle efficacité au vu de son application plus que complexe
  • Dénoncer les inacceptables et atroces comparaisons avec la Shoah ou l’Apartheid ou la dictature.
  • Rappeler qu’il n’y a de toute façon pas suffisamment de doses actuellement pour tout le monde.

Le tout en suffisamment court pour que ça tienne sur une chaîne info ou un tweet.

Toutefois, face aux conséquences, nous ne devons jamais perdre de vue les causes. Ce n’est pas aisé quand on navigue entre angoisse du futur et agacement du présent mais avec cette pandémie nous ne pouvons du passé faire table rase. Quelqu’un qui refuse de se faire vacciner ne peut pas toujours se résumer à un crétin irresponsable et/ou qui se fait laver le cerveau, il peut être aussi le résultat d’une défiance qui vient de loin et dont l’abstention massive récente était un autre symptôme.

Le virus n’est la propriété de personne mais la gestion de la crise est de la responsabilité majoritaire du politique et à l’heure du bilan, il faudra faire le décompte des réussites comme du coût des mensonges, des revirements et des dénis. Il n’y a pas de sortie de crise magique.

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Elections

2 français sur 3 réduits à leurs silences.

Les podcasts sont comme la démocratie, une question de voix dans laquelle le blanc est le pire des invités. Et si l’abstention n’est certes pas la même chose qu’un vote blanc, toutes ces personnes qui ont refusés, pour différentes raisons, de venir déposer un ou deux bulletin de vote ont en quelque sorte « voté » avec leurs pieds. Et n’en déplaise à Richard Ferrand, président de l’Assemblée Nationale, il paraît quand même sacrément cavalier de prétendre que si les élections régionales et départementales s’étaient tenues en octobre au lieu de juin, le taux d’abstention eut vraiment été différent. Parce que le mouvement est tellement massif qu’il a même fini par toucher de plein front un RN qu’on sentait ultra-nerveux à l’annonce des résultats.

Mais l’extrême droite n’a pas été la seule surprise. Jusqu’à présent, beaucoup de partis vivaient très bien avec l’abstention, se contentant à chaque élection de regretter / de souligner / de promettre plus de pédagogie / de se remettre en question ou n’importe quelle formule bla-blz qui permettait de s’en tirer à bon compte sans jamais réellement essayer de régler le problème. Ça peut marcher quand l’abstention est élevée mais lorsque le tsunami est tel, difficile de dévier le sujet aussi hypocritement.

Parce que oui presque 9 jeunes de 18-35 ans sur 10 qui refusent d’aller voter, des présidents de bureau de vote qu’il faut aller réquisitionner pour que ces derniers tournent, c’est pas 3 personnes, c’est des centaines de milliers de gens qui décident de bouder. Et il apparaît donc impossible que le sujet n’atterrisse pas sur les pieds de tout le monde. D’autant que l’opposition a de sacrés arguments à faire valoir contre le gouvernement.

En effet, l’organisation de ces élections a été une accumulation de catastrophes. D’abord, si l’on savait que l’éthique politique n’a jamais été le fort de Gérald Darmanin, ce dernier se présentant à l’élection alors qu’en tant que ministre de l’Intérieur il en est l’organisateur, il faut désormais ajouter à ses casseroles son choix de retirer à la Poste pour confier à un prestataire privé la distribution de la propagande électorale. Le résultat a été calamiteux avec de nombreux documents qui n’atterrirent jamais dans les boîtes aux lettres des électeurs ce qui est un scandale démocratique majeur mais aussi l’occasion de voir que le mot « excuse » pouvait sortir de la bouche de Darmanin.

On pourra ajouter à cela une campagne quasi inaudible avec des candidats empêchés par les impératifs sanitaires de faire réellement campagne et/ou qui n’ont pas montré beaucoup de motivation à le faire. La campagne fut également indigente car LREM comme le reste de la droite, aidé par de nombreux médias complices, a couru derrière le RN pour nationaliser le scrutin sur des thématiques sécuritaires qui sont tout sauf dans les attributions des régions ou des départements Enfin, on pourra souligner que faire voter le même jour pour 2 élections aux modes de scrutin différents rend le tout d’une confusion absolue pour le citoyen.

Mais au delà de ce bilan noir pour la démocratie française et sa classe politique et médiatique, restent beaucoup de questions en suspens :

  • Pourquoi est-il impossible de faire de vrais débats sur les compétences des régions ? Que les médias privés se vautrent dans le buzz ou la fange pour vendre du temps d’antenne est un choix, il est anormal que ce soit le cas pour le service public.
  • Quels réformes faut-il faire pour rendre ces élections lisibles et compréhensibles ?
  • Comment rendre l’équilibre du temps de parole une réalité lorsqu’on voit des médias jouer avec le statut de leurs éditorialistes pour exploser les compteurs ?
  • A quand une grande enquête parlementaire de l’Assemblée Nationale ou du Sénat sur les raisons profondes du décrochage électoral d’une large partie de la population et qui est massif dans la jeunesse ?
  • Comment fait-on pour en finir avec les jeux d’appareil sur les fusions de liste et les abandons stratégiques décidés en catimini par des équipes de campagnes loin du regard des citoyens ?
  • Et est ce que toutes ces questions ne devraient pas être la priorité n°1 avant de continuer toute autre action politique ?

Bref, des questions de fond qui interrogent à la fois le modèle et la pratique de la démocratie. Pour l’instant, bon nombre de partis sont encore aux abonnés absents et les quelques initiatives qui pointent le bout de leur nez ne s’attardent que sur la forme (vote électronique, par correspondance, … on y reviendra dans un autre billet) et pas sur le fond. Les médias eux semblent dans leur quasi-totalité repousser la question encore une fois.

Comme si finalement une large partie de ce petit monde n’était pas si mécontent de voir une vaste majorité des citoyens réduits à leur silences tout en prétendant publiquement le contraire.

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Mélenchon

Mélenchon : après l’accident, faisons le constat.

Féminicides : "Nous devrions examiner pourquoi la ...
Le véhicule rouge entre sur l’autoroute…

Mélenchon a merdé. Croyez bien qu’il m’est désagréable de commencer ce blog par cette phrase surtout au vu de mes sympathies idéologiques envers La France Insoumise et de mon affection pour l’homme politique mais pour moi c’est un fait. J’ai beau chercher, lire et relire, entendre et réentendre les justifications de son mouvement et de ses alliés, je ne trouve aucun doute ni aucune excuse valable, que ce soit le hors contexte ou l’interprétation de mauvaise foi, qui suffirait à passer outre ou expliquer quoi que ce soit de suffisant.

L’interprétation médiatique qui a été faite des propos tenus à France Inter est que Mélenchon aurait basculé dans le complotisme en affirmant qu’il existerait un système qui organiserait des attentats et des événements d’insécurité pour influencer l’élection et que cela se reproduira invariablement au printemps 2022. Mélenchon et ses alliés réfutent que c’est ce qu’il a souhaité dire et prétendent qu’il souhaitait parler de l’influence de ces événements sur la campagne et surtout de leur utilisation cynique par ses adversaires politiques et particulièrement de l’extrême droite pour influencer le résultat des élections. Disons-le, cet ‘interprétation de Mélenchon de ses propres propos est possible et tient globalement la route mais elle demeure sacrément complexe. Un orateur aussi scruté qu’il l’est, il s’en plaint/vante régulièrement, sait parfaitement le poids de chaque mot et que ce n’est certainement pas ce que comprendront la grande majorité des gens qui l’écouteront. Nous avons donc affaire au pire à un dog whistle cynique, au mieux à une erreur majeure de communication.

Le problème est que Mélenchon, comme la quasi intégralité des femmes et des hommes politiques français de premier plan, se refuse à admettre une erreur car il estime, peut être de bonne foi, ne pas en avoir commis et que l’interprétation qui est faite de ses propos est scandaleuse. Je suis en total désaccord avec cette idée : l’exploitation des moments de faiblesse de l’adversaire fait parti du jeu politique et Mélenchon n’a jamais hésité à rendre les coups. De mon point de vue, il n’y a donc pas faute politique et il serait bon parfois que les responsables et, dans une moindre mesure, les militants LFI désemparés n’en viennent pas à faire une chasse aux sorcières ou un bunker autour du candidat mais sachent écouter quand des gens qui ont de la sympathie pour elles et eux et la cause viennent leur dire qu’il y a un problème.

D’autant que l’affaire n’est pas que politique. Elle est aussi médiatique (on y reviendra) mais il ne faut pas perdre de vue que les événements dont il est question ont fait des morts et que ces disparus ont une famille pour qui il s’agit du traumatisme d’une vie. Perdre ses proches est déjà une épreuve universelle, perdre ses proches dans un attentat qui plus est dans un moment de tension politique extrême que sont les fins de campagnes présidentielles doit être d’une violence qu’aucun d’entre nous ne saurait imaginer. Ces personnes ont pour certaines d’entre elles exprimer leur indignation suite aux propos tenus par Mélenchon, il a exprime sa compassion pour leurs souffrances, c’est un peu court car, même si l’on estime n’avoir rien dit ou fait de mal, il faut savoir, là aussi, entendre quand des gens viennent vous dire que vous les avez blessés.

The new « Plutôt Hitler que le Front populaire »

Maintenant ne soyons pas naïfs et disons-le : nous n’avons aucune leçon de morale à recevoir de la droite sous toutes ses formes, de ses militants comme de ses responsables. Ces derniers ont depuis des mois, par électoralisme ou idéologie type « mieux vaut Hitler que le front populaire », allégrement pactisé avec les fachos et leurs grandes figures médiatiques. Eh oui, bien qu’attaqué de toute part, nous n’avons pas perdu la mémoire et on sait encore reconnaître le brun.

  • Nous n’oublions pas leurs accusations et les amalgames aux terroristes sous le mot dégueulasse et mensonger « islamogauchiste ».
  • Nous n’oublions pas le 19 mai et ses personnalités politiques tellement soumises aux organisations syndicales policières d’extrême droite ou incapables d’avoir une lecture claire de la situation qu’elles et ils en ont été rendu à défiler avec Zemmour, les responsables d’Alliance et leurs cohorte de délires fachisants voire à proposer d’elles même de mettre l’influence de la police dans les décisions de justice.
  • Nous n’oublions pas les insultes de séparatisme ou d’anti républicain quand, dans le même mouvement on n’a pas un mot de trop pour dénoncer la violence de l’extrême droite, les relais complaisants de son agenda sur CNews comme Europe 1 bientôt, et pas une action pour lutter efficacement contre les violences policières (dont on va jusqu’à nier l’existence) ou pour protéger des élus EELV qu’on aura complaisamment, là aussi, considérer comme des complices du pire.
  • Nous n’oublions pas la litanie de polémiques stériles qui vise d’une main à draguer l’électorat raciste de ce pays et de l’autre à taire son existence en faisant mine d’être outré lorsque d’autres dénoncent cette situation.
  • Nous n’oublions pas l’instrumentalisation, là aussi, quand ce n’est pas la création de toutes pièces de polémique contre l’UNEF ou tout autre organisation ou personnalité qui a pour crime de pencher (trop) à gauche voire de simplement créer des groupes de paroles.
  • Nous n’oublions pas les soutiens de Lallement.
    Nous n’oublions pas les adversaires médiatiques et politiques qui font tout pour préserver le bloc bourgeois.
  • Nous n’oublions pas ces médias qui ont tant de lignes pour dénigrer la lutte sociale mais si peu quand une patronne met à prix un représentant syndicale.

Je pourrais continuer mais vous avez compris, on les voit et on n’est pas dupes. D’autant que les conséquences de ce laisser-faire sont de plus en plus visibles.

Un brave humoriste sûrement

Aujourd’hui, un vidéaste d’extrême droite qu’on nommera FafFafCito a décidé de faire un tuto « Allons tuer pour de vrai du militant de gauche ». Cette anecdote est tristement vraie. Le premier et l’un des rares à le dénoncer sans attendre clairement et fermement fut encore une fois Mélenchon sous la forme d’une conférence de presse-réquisitoire qui était plus que rassurante et nécessaire quand, comme moi, on se sent de plus en plus visé par la libération de la parole et de l’incitation à l’action violente directe de la part des fachistes.

Il n’étonnera personne que ce monsieur ait ses entrées chez Zineb El Rhazoui, Zemmour (CNews avec Christine Kelly, Paris Première avec Eric Naulleau), André Bercoff (Sud Radio), Boulevard Voltaire et tant d’autres « petites » chaîne de la tentaculaires fachosphère. On attends encore la réaction de Darmanin qui est plus prompt à réagir sur des menus végétariens. Et on est pas à l’abri que si Audrey Pulvar dénonce le problème FafFafCito, Darmanin soit prompt à venir défendre ce porte flingue… pour l’humour bien sûr.

Alors maintenant, je vous vois venir, oui c’est un contre-feu pas très habile , oui ça « tombe » bien et c’est instrumentalisé mais ne rien dire par peur de cette accusation eut été bien pire que de faire ce qui a été fait. Là encore , ne soyons pas naïfs mais surtout ne soyons pas aveugles, le danger est réel et si on ne réagit pas maintenant, c’est encore plus de victimes à venir qu’elle soit attaquée physiquement par des neuneus gangrénées à la haine et à la violence de ce genre d’individu ou simplement mentalement par les propos de FafFafcito.

Ce premier billet commençant à être long, j’y mets un terme bientôt mais laissez moi un dernier plaisir…

Oui, c’est ton tour.

Je ne peux pas m’empêcher de terminer par une petite « saloperie » une nouvelle fois signée Quotidien. Dans une reprise opportuniste d’une vidéo de Mélenchon, l’émission de divertissement dénonce à son tour le fait que Mélenchon serait conspirationniste (ils sont à ça de le traiter de zinzin) parce que ce dernier trouve suspect la panne des numéros d’urgence et qu’il rappelle que la première étape de toutes les manœuvres de privatisation a toujours été de manipuler l’opinion en « démontrant » l’inefficacité supposé du service public.

L’émission de TMC joue sur l’ambiguïté des propos et disons que si la théorie peut se défendre … contrairement à la déclaration sur France Inter, cette fois ci, celle-ci ne résiste pas longtemps si on essaye d’aborder le discours de manière posée et non dans l’objectif d’attaquer un adversaire politique.

Les numéros d’urgence qui tombent alors qu’ils fonctionnent très bien depuis des dizaines d’années, il serait donc suspect de trouver ça suspect selon Quotidien.

Mais qu’est ce qui motiverait donc l’Etat à demander des comptes et des enquêtes à Orange si tout était parfaitement clair ? Est-il vraiment déraisonnable de se poser des questions sur la gestion de ses numéros ? Quel organisation ? Quelle sécurité ? Quel est l’intérêt porté par Orange à ces numéros et sous quelle gestion financière cela est-il fait ? Et dingue mais oui Mélenchon, comme beaucoup d’entre nous, avons de la mémoire et il se trouve que oui les privatisations ont toujours été « vendues » par la méthode dénoncée. Dire que Mélenchon imagine un complot qui aboutirait à cela n’est possible que par une combinaison de mauvaise foi et de montage pour compenser le manque de preuves factuelles. Cela tombe bien, c’est la spécialité de Quotidien.